Si vous suivez mon travail, vous savez que je grave dans la gomme depuis quelques temps maintenant. J'aime concevoir des tampons en petit ou grand format... et les transformer, le plus souvent, en cartes postales.
Si je grave de la gomme, c'est surtout parce que c'est facile à imprimer. Un coup d'encreur, on retourne sur la feuille, on appuie avec un bouquin ou n'importe quoi de plat et c'est parfait. Mais il y a un paquet d'inconvénients à la gomme : le premier et non des moindres, c'est le prix. Une bonne plaque de gomme, c'est cher. Alors quand comme moi on fait des formats cartes postales et bicolores de surcroît, ça n'est vraiment pas du tout économique. Je rêvais donc d'une presse, une vraie, pour pouvoir graver dans autre chose que de la gomme...
Et parfois, rêver, c'est obtenir ! Une amie très très chère (bien plus que toutes les plaques de gomme de la Terre) m'a dit "Tu sais quoi, y en a une chez mes grands parents... ils n'en font plus rien, tu la veux ?". Et voilà comment, le plus simplement du monde, je me suis retrouvée avec ce géant de fer et d'acier chez moi. Un rêve, mais pour de vrai.
Pour fêter ça, j'ai décidé de faire une carte de voeux en linogravure.
J'ai d'abord dessiné. J'imaginais une sorte de fée, sereine et endormie, toute auréolée d'étoiles... J'avais déjà ma petite idée pour intégrer les étoiles... voici la fée.
La seconde étape est de reporter le dessin sur la plaque de lino. J'ai utilisé du papier carbone...
La plaque de lino + la feuille de carbone + le dessin respassé au stylo pour le transférer sur la plaque
Vient alors le gros du travail : la gravure ! Puisqu'il faut être minutieux, c'est long. Et comme ça demande une concentration proche de la méditation (un grand bonheur !), j'ai totalement oublié de prendre des photos de cette étape... Pour résumer : la gravure requiert des gouges (en V et en U principalement) qui permettent de retirer les parties qui ne seront pas encrées. Ce qu'on appelle "la taille d'épargne". Voici la plaque gravée (et sale parce qu'elle a déjà été encrée) avec une gouge, ainsi qu'un gros plan où on voit bien les traces laissées par les gouges dans le lino :
Juste après, j'ai gravé la plaque avec les étoiles... Et c'est justement par celle-ci que j'ai commencé les impressions, sur la presse !
Il y a pas mal d'éléments dans cette image : la presse à proprement parler avec sa barre de navire qui permet de faire avancer le plateau sous le rouleau (réglable en hauteur, bien sûr); il y a les repères de calage pour que les deux plaques (étoiles + fée) soient imprimées au bon endroit l'une par rapport à l'autre; la plaque de lino avec les étoiles; un lange en feutrine qui recouvre le lino + la feuille + la plaque de protection pour que le rouleau puisse parfaitement faire son office. Voyons ça de plus près :
A ce moment là, la plaque est encrée : il n'y a plus qu'à poser une feuille dessus, une plaque de protection, recouvrir avec la feutrine et faire tourner la barre pour que ça presse ! Et recommencer, recommencer, recommencer...
Cet instant magique où ça commence à prendre forme :)
Après un certain temps et de nouveaux muscles dans les bras et les épaules, on peut s'occuper du deuxième passage, pour imprimer la plaque de la fée :
La joie de voir enfin le résultat :
Ne restait plus que le plaisir de numéroter ces cartes (de 1 à 35), de les signer, les tamponner, écrire de petits courriers, calligraphier les enveloppes et porter le tout à la Poste pour qu'elles partent un peu partout dans le monde.
Tout ça pour vous dire que je vous souhaite tout le meilleur pour cette année 2017 ! Qu'elle soit créative et cosmique !